Lundi 8 juin 1 08 /06 /Juin 22:10

 

 

L'Alphée

 

 

Le magnifique site d'Olympie, est un peu ombragé mais la chaleur de cet après-midi, était impitoyable. Je me trainais d'une ruine à l'autre, à l'heure de la sieste, le moment le plus torride, celui dont les espagnols, sans doute les grecs aussi, disent qu'on ne voit dehors que les chiens et les français.

L'Alphée, petit fleuve côtier longe la clôture sud du site et à cette époque existaient de nombreuses brèches. A l'écart des amis avec qui je me trouvais, l'une d'elles me permit d'accéder au bord de la rivière, qui s'écoulait entre ses bancs de sable. J'eus vite fait de me déshabiller, et, en slip, de me tremper dans un trou d'eau dont la fraîcheur me parut miraculeuse. Revenu sur la berge je m'étendis à même le sable dans l'ombre d'un saule. J'ai du somnoler mais je fus tiré de mon engourdissement par un étrange équipage. Un jeune paysan grec à califourchon sur son âne venait le faire boire à la rivière. Il ne m'avait pas vu avant que je le salue. Mon vocabulaire très pauvre se limitait aux politesses. Il a sauté de son âne et est venu me rejoindre à l'ombre. Nous avons débuté un dialogue de sourds-muets primitifs, d'avant la langue des signes. On arrive toujours à communiquer peu ou prou et il souhaitait que je retourne me baigner avec lui. Il en avait grand besoin, couvert de la poussière ocre des champs collée par sa sueur il paraissait plus pâle que sa peau brune hâlée au soleil dans les cultures. Il était nu pieds, une tunique déchirée sur le torse et un pantalon court comme c'est la mode aujourd'hui. Il se déshabilla et j'ai même été étonné qu'il portât un vague caleçon. Nous avons marsouiné un moment dans le courant et assis côte à côte sur le sable, dans l'eau nous avons continué nos dialogues un peu compliqués. Lorsque sa main s'est posée sur la mienne, je crus à un geste fortuit mais j'ai laissé ma main. J'étais peu averti, néanmoins ce contact m'a emballé un peu le rythme cardiaque. Il prit aussi ma main pour nous ramener nous étendre côte à côte sous l'ombrage. Parfois le bout de ses doigts se posait sur les miens et une émotion vraie m'étreignait. Je le regardais, j'étais très jeune mais lui à peine plus âgé, vingt ans peut-être. Je ne pouvais pas ne pas penser aux Kouros et Ephèbes des musées et des sites et cette rencontre se teintait de mythologie. Son caleçon en loque ne cachait rien et il était étendu telle une statue nue qui eut été de marbre brun, lisse et soyeux. Son pelage noir et fin, que j'imaginais très doux, convergeait de ses jambes entrouvertes, vers l'aine, accentuant l'ombre autour de ses bourses, nid douillet pour son sexe lourd et épais ou le prépuce froissé dépassait largement le gland dissimulé. Le mien de sexe, je ne le sentais pas aussi placide. Nous sommes restés ainsi un long moment ou j'étais dans le désir et la méconnaissance absolue de ce qui pouvait se passer. Sans la frayeur de la nymphe Aréthuse, je n'ai pas fuit lorsqu'il a reprit ma main pour me conduire à quelque distance de la rivière dans un de ses champs. Il y avait une petite cabane dans laquelle il a saisi une binette et toujours tenant ma main, il a creusé au pied d'une plante pour me montrer, ravi, une arachide qui après la fécondation fait murir ses graines en les ré-enfouissant sous la terre. Son sourire était tant éclatant que si je n'avait pas été si timide je l'eus embrassé et serré contre moi. Nous sommes revenus à la cabane, lui me guidant par le bout des doigts. Ayant tiré la porte, c'est dans l'obscurité qu'il prit mes lèvres et me serra contre lui. Conscient de ma maladresse, de mon inexpérience il me coucha sur la paillasse qui le reposait aux plus fortes chaleurs.

 

 

 

 

Post scriptum

 

Parfois dans mes petites histoires les scènes strictement « de cul » sont très brèves. Cela vient sans doute que pour moi, comme disait Clémenceau « Le meilleur moment de l'amour c'est quand on monte l'escalier ». C'est vrai, parfois, je privilégie ces moments là, l'attente, l'espérance, la tension érotique qui nous étreint, les fantasmes qu'elle suggère, le vertige qui nous assaille dans les secondes qui précèdent le contact. Quand j'étais ado, dans des dortoirs de garçons, frôler la main de mon voisin de lit, la caresser sans rien savoir de son désir à lui, progresser ainsi le long de son bras, son épaule dans la presque incertitude de son assentiment étaient les moments érotiques où l'intensité de mon désir, était poussée à l'incandescence, magma étreignant de manière oppressante ma poitrine entière. C'est ce que j'essaie de suggérer parfois, sans doute bien maladroitement dans mes petits récits. Le texte, laisse errer l'imagination et garde un pouvoir d'évocation précieux.

Ensuite c'est vrai, décrire la mécanique des gestes m'intéresse moins sauf quand ils expriment de l'émotion entre les partenaires ou lorsque l'intensité du plaisir généré par la pénétration est essentielle comme c'est le cas pour le « fist fucking ».

 

Comme sûrement beaucoup d'entre vous qui ont vu maint films de cul, je regrette vraiment que ceux-ci ne se réduisent qu'à un exercice de plomberie où la variété prévisible des positions successives permettant les emboîtements est d'une décevante monotonie et d'une absence totale d'émotion. 

Par marc
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